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À nos murs - Rencontre avec François Lamargot

En février 2021, Le Pont Supérieur accueille le danseur et chorégraphe François Lamargot pour la réalisation d’une vidéo avec les étudiantes et étudiants en première année de formation au Diplôme d’État de professeur de danse. À cette occasion, François Lamargot travaille une semaine avec les danseuses et danseurs et conceptualise un univers en huit clos au sein même des locaux du Pont Supérieur.

 

Retrouvez « À nos murs » ainsi qu’une interview de François Lamargot
À NOS MURS


Réalisation et chorégraphie :
François Lamargot
Cadrage/assistant réalisateur : Jill Sida Ndengue
Étalonnage :
Jimmy Payan
Musique :
David Toop / DJ Bambounou
Interprètes :
Audion Eva, Bouree Noémie, Chereau Maureen, Christodoulou Leïla, Guillotin Eva, Justum Gaëlle, Laurent Johana, Le Guiffant Jeanne, Le Neouanic Elisa, Martineau Noémie, Richard Emeline, Simonneau Laurine, Tessier Mathilde, Vrignaud Justin, Casamayou Maëlys, Chaillou Maëlys, Cisnal Lou, Colon Lucie, Dobbelaere Juliette, Hascoet Solenn, Lancelot Anna, Mathias Salomé, Onillon Anaïs, Ropars Léa, Rousselot Caroline, Tanguy Louise, Villeneuve Shéryl

INTERVIEW DE FRANÇOIS LAMARGOT

Pouvez-vous nous en dire un peu plus concernant votre parcours ?

Mon parcours s’inscrit au carrefour de plusieurs techniques et plusieurs formes artistiques. Tout jeune, avant même de danser, j’ai eu l’occasion de me produire sur scène dans différentes pièces de théâtre, notamment au festival d’Avignon 1995 et 1998. J’avais alors 10 et 13 ans. 

Dès l’adolescence, je me suis passionné pour la danse en commençant plusieurs techniques en simultané. Cours de jazz, cours de contemporain mais aussi cours de danse classique la même année que mes débuts en break. Je me suis formé aux danses hip-hop avec mon groupe d’origine, La XXe Tribu et à travers différents battles.

Au fur et à mesure, je me suis forgé une gestuelle hybride de ces différentes techniques. J’ai ainsi pu travailler en tant qu’interprète pour de multiples chorégraphes : George Momboye, Laura Scozzi, Claude Brumachon, Yann Lheureux, Blanca Li, Salia Sanou et Seydou Boro, Redha, Anne Nguyen, Ibrahim Sissoko … 
J’ai également assisté Anthony Égéa pendant de nombreuses années sur des projets à l’international : Middle pour le Beijing Dance Theater, Rage en Afrique de l’Ouest etc.

Dès mes 20 ans, accompagné par les danseurs de la XXe Tribu, j’ai créé ma première pièce, Horizon. En 2011 avec Akasha et en 2015 avec Gardien du Temps, j’ai affirmé une écriture plurielle empruntant aux danses hip-hop mais également à la danse contact et au contemporain. En 2018, j’ai poussé un peu plus loin le côté hybride de la création pour créer un solo singulier à la frontière entre danse/théâtre et vidéo : Reflets.

Actuellement, j’approfondie cette démarche à travers différents projets : lecture dansée prévue en novembre 2021, une nouvelle création en 2021 entre danse et théâtralité du geste, courts-métrages. Je réponds à différentes commandes et différents projets dans de nombreux pays : Accès cultures aux Comores (2021), Pap Lab en Haïti (2019), création en Nouvelle-Calédonie (2019), Festival BBA au Sénégal (2016, 2017). J’essaie de transmettre ma vision au travers de ces différentes rencontres et surtout des convictions qui ont accompagné chacune de mes créations jusqu’ici. Qu’elle soit vidéo ou scénique, je cherche avant tout à transmettre un message profond. Une urgence à raconter, parfois en m’appuyant sur des philosophes et écrivains qui m’inspirent : Marguerite Duras, Louis Ansa, Dogen, Lin Tsi, Henri Gougaud … Autant de visions qui participent à mon imaginaire.

 

Quels ont été vos axes de travail avec les danseurs et danseuses ? Les points forts de cette rencontre artistique ?

En parallèle de la création vidéo, j’ai tenté au maximum de décloisonner leur approche du mouvement. Nous sommes passés par différentes techniques tout au long de la semaine : fondamentaux hip-hop avec la Hype mais également House dance et approche au sol. L’idée était d’aborder des phrases chorégraphiques totalement hybrides en y intégrant une énergie contemporaine toute en fluidité.

J’ai également transmis une certaine approche du freestyle et du mouvement libre qui sont au coeur des événements hip-hop. Comment entrer dans la musique et être totalement instinctif dans la manière d’appréhender un cercle ? Comment construire ce moment d’improvisation : une introduction, un début, une suite ? Une manière de lâcher prise avec la technique qu’ils apprennent tout au long de l’année tout en étant prêt à l’emmener de manière détournée, sans calcul, libre … Chacune de mes journées de travail était construite de manière à les connecter le plus possible avec cette approche du mouvement instinctif. Dès l’échauffement le but était de les emmener progressivement vers ce lâcher prise… qu’ils n’aient pas de temps de réflexion ou de mémoire mais simplement faire et ressentir.

Le point fort de la rencontre a forcément été la création autour de la vidéo et notamment les deux journées de tournage. J’ai senti les étudiantes et étudiants très investis et contents. Ce fût aussi une manière de s’approprier pleinement les locaux dans lesquels ils évoluent à longueur d’année mais de manière beaucoup plus libre … Les temps de création en amont se sont déroulés de manière très naturelle et simple.

 

Pourquoi avoir choisi le titre « À nos murs » ? Que donne à voir la vidéo ?

« À nos murs » car j’ai avant tout été surpris de pouvoir intervenir au Pont Supérieur pendant la période de pandémie. Voyant de nombreux projets s’annuler et de lieux fermer, je pensais que la rencontre ne pourrait se dérouler. J’ai été surpris de me dire que des lieux d’enseignement artistique en état de veille apparente puissent finalement renfermer beaucoup plus de mouvements qu’on ne pourrait le penser … Des murs qui renferment donc beaucoup plus de vie qu’il n’y paraît.

De manière plus large, ce titre faisait également un parallèle avec la situation vécue lors du confinement. Une période où la majorité d’entre nous a été confrontée à nos propres murs. Qu’ils soient physiques mais également psychiques, le fait d’être assigné à résidence pendant de nombreuses semaines a pu mettre de nombreuses personnes face à leurs murs intérieurs, leurs blocages, leurs doutes … à la manière d’un moine zen qui médite face à un mur blanc.

Pourtant, à travers cet enferment, je retiens surtout une forme de conscience collective qui prend le dessus. Comme un côté instinctif qui s’accroche à la vie et qui grandi à mesure que l’humain est face à l’impasse. Une forme d’imperceptible en somme, qui se propage des uns aux autres … un manifeste de notre capacité à vivre et à vibrer pleinement malgré une situation en apparence cloisonnée. Même à distance, dans nos espaces clos, il s’agit là d’un vibrant appel à cette conscience collective qui nous rend si sociable.

La vidéo donne donc à voir ces vibrations qui se propagent d’un corps à l’autre, d’un espace à l’autre jusqu’à leurs points de jonction, de fusion. De manière instinctive, ces énergies convergent dans un même espace. L’endroit où les corps ne font plus qu’un … une fois cette conscience Collective réalisée, les vibrations et résonnantes peuvent monter en puissance jusqu’à la libération totale des corps, en dehors de tout espace clos.

En savoir plus sur la formation au Diplôme d'État

Options : danse jazz et danse contemporaine

Contacts :
Directeur du département danse : Maurice COURCHAY
Renseignements pédagogiques : Edwige AUDON // eaudon@lepontsuperieur.eu
Renseignements administratifs : Bérénice NOUHAUD : 02 40 89 94 71 / 06 29 84 41 66 // bnouhaud@lepontsuperieur.eu

 

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